Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, un « couple parfait » ?

La rupture serait-elle consommée entre Gérald Darmanin et Eric Dupont-Moretti ? Non, non, non répète-t-on au gouvernement, et ce, malgré la participation du ministre de l’Intérieur à la manifestation des forces de l’ordre le 19 mai, pendant l’examen à l’Assemblée Nationale du projet de loi pour la confiance dans la justice, défendue par le Garde des Sceaux

A propos de


  1. Gérald Darmanin


  2. Eric Dupond-Moretti

Un jeu de chat et la souris habituel entre ministre de la Justice et de l’Intérieur, chacun dans leur rôle. Mais Gérald Darmanin, en s’affichant mercredi 19 mai parmi les policiers manifestant contre le « laxisme » de la justice, pourrait mettre en danger la relation qu’il entretient avec le Garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti. Dans un article paru ce vendredi 21 mai, nos confrères du Monde relatent la turbulente collaboration de ces deux fils du Nord, « Sarko Boy » et « Acquittator », aussi médiatiques et polémiques l’un que l’autre.

Mercredi 19 mai, tout aurait pu s’effondrer : « On a dansé sur un volcan. Et le risque, c’est quand même qu’on tombe dedans », confie ainsi un conseiller de l’Elysée au Monde. Car pendant que le locataire de la place Beauvau soutenait les policiers devant l’Assemblée Nationale, le Garde des Sceaux lui, était dans l’hémicycle pour faire adopter le projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire. Difficile de clamer l’entente parfaite, quand le ministre de l’Intérieur se trouve aux côtés des forces de l’ordre qui scandent « Le problème de la police, c’est la justice« , à l’instar de Fabien Vanhemelryck, secrétaire national du syndicat Alliance. Gérald Darmanin avait alors déclaré être « venu pour soutenir tous les policiers, comme tous les Français ».

« Good cop, bad cop »

Du côté du gouvernement, on nie toute mésentente entre les deux ministres. « Ca fonctionne, ils s’appellent tous les jours », répètent leurs proches au Monde. Leurs démarches de deux ministres ne semblent pas opposées pour ce conseiller, qui s’étonne : « Où est le problème?« .

Le sénateur LREM François Patriat va même plus loin. « C’est un couple parfait« , affirme l’élu bourguignon. « Il y a le bad cop, et le good cop« , sans pour autant préciser qui est qui dans ce couple.

Ils ont cependant d’éventuels désaccords « rhétoriques« , avoue-t-on au ministère de la Justice, comme quand Gérald Darmanin loue le « bon sens du boucher-charcutier de Tourcoing » plutôt que les statistiques de la délinquance. Ou encore quand il parle d' »ensauvagement » à l’été 2020. Là, l’ancien avocat lillois avait tiqué : « Je ne le reprends pas, c’est une question de sensibilité, chacun utilise les mots qu’il veut utiliser ». Le Garde des Sceaux trouvait que ce terme pourrait nourrir un « sentiment d’insécurité« , et préférait s’adresser « à l’intelligence des Français et pas à leurs bas instincts« .

Les couloirs des ministères bruissent aussi des tensions autour de propositions des services de l’Intérieur de placer la police judiciaire de plus en plus sous les ordres des préfets que de ceux du procureur. Ce qui reviendrait à les ramener dans le giron de la place Beauvau, plutôt que de la magistrature, et raviver le conflit entre les institutions. A l’heure où le gouvernement peine à s’affirmer sur ces questions régaliennes, notamment face au RN, certains conseillers souhaitent une intervention jupitérienne, « une prise de parole forte » du président sur les thématiques de la justice. Afin d’éviter le divorce, entre la Justice et l’Intérieur.

Crédits photos : LIONEL URMAN / BESTIMAGE

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